Nous quittons Futaleufú et saisissons l’opportunité de gagner de nouveaux tampons sur nos passeports : cap sur l’Argentine ! La frontière à peine passée, les longues étendues planes si caractéristiques réapparaissent, envoyant au loin les rivières emballées de Futaleufú. Le vent est en notre faveur et nous éclipsons le ripio pour rejoindre Trevelin. C’est la première véritable ville que nous rencontrons depuis Coyhaique : fini les quatre « cuadras », l’immense place principale et les mini-markets qui suffisaient à dessiner les villes étapes de la Carretera Austral ! Nous décidons d’y passer la nuit dans un camping tenu par un cycliste invétéré. Heureux choix pour tester l’alcool à brûler acheté la veille, qui se révèle être du Nafta aux flammes incontrôlables un soir de vent !




Le coup de stress apaisé par la nuit, nous traversons le Parque Nacional Los Alerces. Derrière les profonds lacs que nous longeons pendant la journée, de véritables montagnes comment à se dresser : approcherions-nous des Andes et leurs hauts sommets ? Un magnifique lever de Lune sur notre venteux mais accueillant campement de Villa Lago Rivadavia éclipsera la question… Vite, les belles nuances du soleil couchant laissent leur place au réveil à une brume épaisse et à un gel qui recouvre sol, tentes et montures.








Ô plaisir d’une route lisse, sans vent violent, sur laquelle de longues descentes succèdent aux montées énergiques ! La journée suivante est un véritable plaisir : nous découvrons à pleine vitesse un nouveau visage de l’Argentine et une Ruta 40 encadrée de montagnes et de verdure, de plants de mûres et de framboisiers. Si nous ne maitrisons pas encore l’art de la pêche à la truite ou au saumon, la cueillette est bonne pour Tim qui nous offre un délicieux dessert de mûres au bord de la rivière !
Le repos consommé, notre chemin continue et les arbustes disparaissent peu à peu pour laisser place à des arbres, des forêts. La densité croissante du trafic et des gaz de pots d’échappements annonce les contour d’El Bolson. Nous restons une heure, pas une minute de plus, non mécontents de s’éloigner de la ville et se reposer en un lieu calme. 105 kilomètres nous séparent alors de San Carlos de Bariloche, pour une troisième grosse journée plutôt éprouvante. En effet, après quelques kilomètres parcourus dans la fraicheur et l’ombre matinale, le soleil apparait pour nous laisser deviner la longue montée qui nous attend sous une chaleur intense : un véritable col ! La route a ce défaut de lisser les reliefs : l’ascension de ce relatif faux plat montant semble ainsi durer une éternité, allongée par des voitures impassibles devant la pente, qui nous doublent à toute allure : patience et méditation sont de rigueur… Et c’est reparti pour un rodéo de descente ! Nous longeons avec bonheur les lacs jusqu’à une revigorante pause pique-nique au bord de la plage, peu avant Bariloche.







San Carlos de Bariloche : station de ski huppée l’hiver, très touristique l’été, il nous faut franchir la ceinture périurbaine bondée pour arriver au lac Nahuel Huapi et aux rue plus tranquilles. Une journée de pause nous laisse le temps de détendre les gambettes et apprécier le confort d’un bon café accompagné de ses pâtisseries exquises (au « dulce de leche », toujours !). Nous reprenons la Ruta 40 en direction de San Martin de los Andes, en passant par le célèbre camino de los siete lagos (la route des 7 lacs).


Hélas, un fort vent nous rappelle l’étape houleuse d’El Calafate et se conjugue mal avec la mauvaise forme de Timothée, après une petite indigestion : un argentin en pick-up s’arrête et nous propose spontanément (il a dû voir la tête de Tim) de nous avancer de 18 kilomètres jusqu’au lieu de bivouac que nous avions prévu. Fin de journée repos, pendant que Magali discute avec notre ami Xavier, l’intrépide motard belge recroisé par hasard après une première rencontre à O’Higgins : de la route des lacs nous ne verrons les contours que le lendemain.





Le vent souffle moins et laisse place à une pluie abondante, teintant de brume les reliefs de Nahuel Huapi. Passée Villa la Angostura, nous profitons d’éclaircies pour contempler successivement le Lago Espejo et le Lago Correntoso : la route des lacs honore bien son nom ! Une très belle journée aux reliefs arrondis nous donne de jolies vues sur le Lago Escondido, Lago Villarino, Lago Falkner, Lago Máchonico, et même un arroyo partido (« ruisseau séparé »), qui termine à la fois du côté Pacifique et Atlantique ! Une très belle descente de 8 kilomètres nous mène enfin au Lago Lácar, qui abrite San Martin de los Andes. Le compte est bon, nous avons les sept !









Au revoir belle Patagonie, nous quittons tes lacs et tes glaciers pour nous attaquer aux Andes grandissantes !
Coucou les pédaleurs-cueilleurs. C’est cool de partager vos aventures car ici ça manque d’air pur ;)) Profitez bien des pâtisseries locales pour éviter l’hypoglycémie ! Gros bisouxxxx