La fameuse Carretera Austral, tant célébrée et courtisée par les cyclistes du monde entier : enfin devant nous ! C’est à Villa O’ Higgins nous commençons cette piste longue de 1247 kilomètres qui traverse le Chili par fjords, lacs et glaciers jusqu’à Puerto Montt.




Partis en début d’après-midi, nous parcourons les premiers kilomètres d’une discrète et venteuse Carretera, nous arrêtant à la tombée de la nuit savourer notre diner à l’abri du vent. Le lendemain se profile une longue journée, rythmée et séquencée par un premier contre-la-montre pour rejoindre une barge qui traverse le Rio Grande. Quatre passages par jour, le premier à 11h : partis au fil du rasoir, l’adrénaline monte à mesure que nous doublent des véhicules et… nous réussissons à avoir le bateau ! Ce n’est pas le cas des deux derniers véhicules, restés coincés à attendre le prochain… Au-dessus de nos têtes, les imposants glaciers libèrent en torrents les eaux qui s’écoulent sous nos pieds. De lourds et bas nuages s’amoncèlent dans le ciel et recouvrent les sommets environnants : sereine, l’eau d’un bleu glacé poursuit son cours.
40 kilomètres plus loin, l’appétit bien entamé, la stupéfiante Tortel apparait soudainement entre fjords et nuages. Village côtier tout de bois de cyprès et de 8 kilomètres de passerelles longeant les reliefs naturels, tu nous as offert une bien paisible pause après la rudesse du vent et du ripio qui menaient à toi !




Demi-tour pour reprendre la route de Cochrane, passant la nuit sur la berge d’une rivière, paisible et sans vent. Le troisième jour, un bienheureux vent de dos adoucit l’emprise du ripio des premières dizaines de kilomètres. Nous franchissons ensuite plusieurs cols doucement, à coup de petit pignon, contemplant chaque fois de nouvelles étendues à la flore abondante. Voilà enfin Cochrane, et surtout sa panaderia : quelques cachitos (pâtisseries en forme de corne remplies de calories) et deux parts d’un énorme gâteau de manjar, engloutis bien trop vite pour prendre une photo !





Quatrième jour : les grands cols derrière-nous, nous quittons les fjords pour cheminer le long de lacs bordés de sommets enneigés. Le soleil est au rendez-vous, les côtes s’enchainent tout le jour : chacune nous offre de sublimes points de vue sur les eaux d’un bleu azur, si vif et scintillant ! Nous passons la nuit devant le Lago Bertrand, hameau de pêche et de rêveries.




Le lendemain, nous suivrons ainsi jusqu’à Puerto Rio Tranquilo les courbes dénivelées du Lago General Carrera, quatrième plus grand lac d’Amérique du Sud, trois fois le Léman ! A l’aube du cinquième jour, nous troquons nos montures pour des kayaks afin d’atteindre les chapelles de marbre, formées par les glaciers et la houle fracassante du lac les jours de vent.





Alors que nous reprenons la route bien décidés à avaler les kilomètres surgit une première crevaison arrière pour Magali. Pincements et valve cassée : RIP la chambre à air, une neuve fera l’affaire… Jusqu’à réaliser que celles achetées en France correspondaient à la référence de la jante, mais pas du pneu. Erreur de débutant, c’est bien une crevaison qui nous empêche de continuer : Cycles Vertueux est à plat !
Vue la faible fréquence des bus, Magali propose de tenter le stop. Record : en 5 minutes, le second véhicule s’arrête ! Un chauffeur avec une camionnette, qui par chance se rend à Coyhaique, à 200 kilomètres de notre position : plus grande ville de la région, et seul refuge pour des chambres à air ! Pas de place à l’avant, nous passons donc 5 heures à l’arrière dans l’obscurité de la benne. Une pause chargement de bois pour prendre l’air tout de même, et nous voilà en ville ! Impossible de trouver la bonne référence de chambre à air malgré les nombreux magasins de vélo : du matériel de VTT devrait convenir pour notre usage. Affaire à suivre… Nous repartons gonflés à bloc, enfin pas plus de 5 bars !



