De retour sur la route après notre halte « bricolage » à Coyhaique, ce sont des paysages aux allures familières qui ont bercé nos premiers kilomètres : de vastes champs et pâtures encadrés par des massifs arrondis, saupoudrés de quelques flocons. Ajoutons une coopérative de Comté et le Jura ne serait pas si lointain ! Mais ne parlons pas trop vite : quelques coups de pédales vers le Nord et nous quittons cette vallée suspendue. Les premiers sommets acérés se dressent déjà à l’horizon, annonçant les prémices d’un ultime campo de hielo (« champ de glace ») sur notre trajet.







Un crescendo naturel se déroule sous nos yeux : les vallées prennent de la hauteur, la végétation devient si dense que la lumière peine à réchauffer nos mollets. Des arbres dignes de zones tropicales s’élèvent sur un tapis de plantes dont les feuilles mesurent environ une Magali (pour donner l’échelle). On devine l’origine du surnom de « bosque siempre verde » (« forêt toujours verte ») de la région : il y pleut près de 4m de précipitations par an ! Coup de chance, nous passons entre les gouttes dans une rare fenêtre de ciel immaculé. Ayant roulé sur l’asphalte sur une centaine de kilomètres, nous passons en fin de journée un premier col annonciateur du Parc National Queulat. 500m de dénivelé dans la poussière du ripio plus fine que la craie, que nous gravissons finalement assez vite grâce à un enchainement de courbes. Toit de glace sur les roches, un imposant glacier apparaît soudain devant nous : on se fait tout petit tant la récompense est grande !



La piste nous offre une descente de folie : sans perdre nos sacoches, nous dérapons dans les cailloux entre chaque lacet de route ; un régal pour les anciens VTTistes que nous sommes. Nous traversons le parc jusqu’à accéder au Ventisquero Colgante (« Glacier Suspendu ») perché sur son balcon, d’où s’écoulent des cascades dont la puissance est rythmée par les chutes de blocs de glace. L’occasion pour nous d’arpenter les forêts à pieds et de réapprendre à marcher, mouvement difficile depuis que nous sommes devenus des Homo Sapiens Pedalus (espèce apparue pendant les grèves à Paris).
A peine le temps de profiter de la fraicheur des torrents que les embruns salés du fjord bordent déjà la Carretera. S’ensuit une pause déjeuner bien méritée à Puyuhuapi face aux paisibles eaux du Pacifique.







Cap Nord pendant 100 kilomètres, nous nous reposons une après-midi et profitons d’un bivouac paradisiaque sur les rives du rio Palena : ensoleillé le soir, dramatiquement brumeux au réveil. Alors que nous rangeons nos quelques possessions, les propriétaires arrivent dans leur petite voiture. Ils sont prêts à rejoindre à la rame l’autre rive, où ils vivent : au cœur de la forêt, ils cultivent leur jardin en compagnie de quelques animaux. Pas de route, pas de voisin à moins d’un kilomètre, ils sont tranquilles. Le rendez-vous est pris, ils nous invitent à revenir pour passer quelques jours avec eux et déguster des pommes de terre méconnues !






Sous un soleil de plomb, nous prenons la direction de Futaleufú : au revoir la Ruta 7, si jeune et déjà mythique Carretera Austral. Tu as mis à rude épreuve nos jambes et notre matériel, mais quel émerveillement face à tant de diversité ! Sans rancune, nous retournerons très vite en Argentine revoir ta cousine la Ruta 40 et parcourir la région des Lacs…





Jolie récit comme d’habitude, paysages magnifiques, des gens sympas sur votre route et vos bouilles pleins de bonheur!
quelle forme !!!très belles photos et c’est très intéressant de vous suivre . bon courage pour la suite